Etienne Daho se livre


 

 

 

Il se livre pour le Speed

Ses débuts, ses passions, ses rencontres, vous saurez tout sur cet artiste atypique.

 

Speed : Alors comment était le concert ?

Étienne Daho : C'est la première de toute ma carrière que je joue devant autant de monde donc c'est très particulier, d'habitude sur cette tournée je joue dans des théâtres. Aujourd'hui c'était très fort émotionnellement et puissant, je ne suis pas encore redescendu.

 

Que reçoit on d'un public aussi nombreux ?

ELes gens vous envoient beaucoup d'énergie, donc on essaye avec les musiciens d'en envoyer le maximum aussi. En tout cas c'est un concert dont je me souviendrais.

 

C'était assez Rock n' roll ton concert les musiciens étaient très soudés.

Les gens connaissent mon côté chanteur populaire et mes tubes ils ne savent pas vraiment d'où je viens. J'ai commencé à Rennes aux Trans Musicales avec le groupe de Rock «Marquis de Sade» et j'ai fais mes premiers albums avec eux. Mais j'aime aussi beaucoup la musique populaire et les tubes.

 

Oui tu as beaucoup œuvré avec des chanteurs des années 60 qui faisaient de la chanson populaire. Tu disais que les gens ne savent pas d'où tu viens, mais c'est vrai parce que ton album «Obsession» il est assez Velvet.

Je n'ai jamais caché mes inspirations et je trouve assez important de dire quels sont les artistes qui vous ont marqués.

Je n’ai aimé certains artistes et ce sont eux m'ont construis et j'essaye de leur envoyer des «fleurs», de les remercier pour cela.

 

Je me souviens qu'en 2004 DJ Tiga avait remixé une de tes chansons, mais es-tu au courant de cela ?

La première que je l'ai entendu j'étais dans une boite à Londres et ça m'a fait un choc, mais c'était bien en plus et je crois que cela a bien marché dans les clubs en Europe. Cela permettait de remettre une ancienne chanson au goût du jour.

 

On remarque que tu travailles tout le temps en réseau d'amitiés, c'est important pour toi ?

C'est fondamental je travaille qu'en famille, c'est important pour moi de travailler avec des gens avec lesquelles on a des affinités. J'aurais pu travailler avec des gens plus connus plus à la mode dont le nom fait «bien» sur une pochette. Je préfère travailler avec des amis tout simplement, c'est plus confortable car il n'y a pas de problème d'égo ni de conflits. La seule chose importante c'est d'arriver à faire un disque dont on est content, il faut une bonne énergie, une bonne émotion et qu'il soit assez authentique.

 

À propos de tes collaborateurs pour ce disque, on remarque la présence de «David Sinclair Whitaker», c'était un fantasme de travailler avec lui, un peu comme la pochette avec Guy Peellaert ?

J'avais déjà fait un album avec lui il y a 10 ans, c'est un musicien génial, mais je l'ai pas pris pour faire joli sur la pochette justement, mais parce que c'est quelqu'un qui est très baroque.

Il a amené à notre musique quelque chose de très symphonique, nous avons tout enregistré chez moi et pour revenir sur ce que je disais cela a donné un côté très familiale.

 

Comment tu définirais sa pâte, c'est quoi son truc vraiment ?

Il est flamboyant !

 

Un de tes salles préférées c'est « La cité », paradoxalement n’est ce pas plus dur de jouer à « la cité plutôt que devant 60 000 spectateurs.

C'est différent c'est évident, mais je m'étais promis de jouer à la salle de « la cité », c'est l'endroit où j'ai commencé et qui d'ailleurs n'a pas changé depuis que j'y ai commencé, Jouer à Rennes c'est toujours particulier il y a ma famille, mes amis mes profs et puis j'ai quelque chose de très passionnel entre Rennes et moi, donc ce n'est jamais anodin pour moi de jouer là-bas. Ici c'est autre chose, on transporte 60 000 personnes et c'est très émouvant j'avais la chaire de poule plusieurs fois pendant le show.

 

Ton répertoire, ta musique se prête elle à ce genre de sensations ?

Je crois, enfin ce n'est pas à moi d'y répondre, mais je crois que oui.

 

Dans le nouvel album, la chanson « Les regrets » termine par « des regrets » et on enchaîne sur « Boulevard des capucines », je voulais savoir s'il y avait un lien entre ces deux chansons.

Il n'y a plus de regrets au moment où on pardonne, c'est important de savoir pardonner, cette chanson « Boulevard des capucines » qui a été très commentée, peut être un peu trop parce que je suis pudique. En même temps ce n'est pas seulement mon histoire cela peut être l'histoire de plein de gens, c'est la raison pour laquelle elle est sur cet album, parce que si c'est trop personnel cela en devient gênant. Quand j'ai fait les maquettes de cette chanson et que je les ai fait écouter, les gens ont été touchés comme si c'était leur propre histoire. C'est pour ça qu'elle existe sur cet album et ce n'est pas un regret parce que c'est un pardon, une libération.

 

C'est d'ailleurs une constante dans tes chansons, je me souviens d'« Ouverture » par exemple d'un couple qui était venu te voir en te disant « On a fait de cette chanson, notre chanson ». 

Oui, il y a pas mal de gens qui me disent qu'ils se sont mariés sur cette chanson ou ... qui se roulent des pelles (rire) quand je chante cette chanson c'est assez satisfaisant.

 

C'est marrant parce que j'ai lu dans une interview que tu avais hésité à mettre cette chanson dans l'album parce que tu pensais qu'elle mangerait le disque. Et c'est ce qui est arrivé en fait ?

Oui c'est vrai parce que les gens ne connaissent pas trop ma vie privée. Mais s'il y avait eu un côté voyeur elle ne serait jamais sortie. Que ce soit mon histoire ce n'est pas très important au final, évidemment cela me soulage parce que dire pardon à quelqu'un s'est passé à autre chose.

 

Elle a quand même mangé le disque par rapport aux autres chansons, non ?

Elle a un petit peu mangé le disque, mais ce n'est pas grave, dans un album il y a toujours une chanson qui est devant les autres, qui prend le pas sur le reste et qui devient son drapeau son emblème. J'assume totalement cette chanson peu importe si c'est " Ouverture " ou une autre, je les aime toutes.

 

Pourquoi il avait aussi peu de retravaille ou de réorchestration des morceaux qui étaient en fait assez proches des anciens albums ?

En fait j'ai repris les originaux, les versions vintages des anciennes chansons que j'ai triturées dans tous les sens. Il y a certaines chansons ça fait si longtemps que je chante qu'il y en a plein que j'ai déjà beaucoup modifiées. Je les ai trop modifiées je vis avec depuis trop longtemps et cela me plaisait de les retrouver, notamment « le grand sommeil » avec la basse lapai, je ne pensais jamais dans ma vie remettre une basse lapai sur une de mes chansons.

J'ai trouvé que là c'était bien de refaire vraiment les chansons d'origine.

 

Je sais que tu aimes bien découvrir de nouveaux groupes, hier on parlait avec Danielle Darc de la nouvelle scène française et aussi de nouveaux groupes Rock, quel est ton avis là-dessus ?

Ils sont assez jeunes et ils ont un public très jeune, donc je pense que ça ne s'adresse pas du tout à moi. Il y a d'autres artistes qui me touchent plus que cette scène là. Je pense que c'est une question de génération tout simplement.

 

Et concernant la nouvelle chanson française ?

J'aime beaucoup Brisa Roché, c'est en anglais et j'aime beaucoup son album. Ensuite j’étais beaucoup dans mon travail alors je n'écoutais pas tellement celui des autres. D'habitude j'écoute énormément les nouvelles productions qui sortent et là je vais être président du prix Constantin et on m'a donné 155 albums à écouter. J'ai commencé à les écouter et cela m'a donné une espèce de vision en diagonale de ce qui se passe en ce moment et il y a des choses pas mal du tout et que je commence à mettre de côté. Quand on écoute un album la première fois on n'est pas forcement sensible à la moelle de l'album, il faut être dans des conditions particulières, il y a de tas d'albums que l'on découvre longtemps après.

 

Est-ce que l'on pourrait te trouver producteur d'un album avec Édith Fambuena ?

Mon dernier album on l'a fait ensemble, maintenant elle est devenue elle-même une grande productrice, elle a bossé avec plein de gens comme Bashung et Brigitte Fontaine, elle vient de faire le nouvel album de Jane Birkin qui est absolument sublime et moi je l'ai connu bébé. Maintenant elle vole de ses propres ailes, mais le dernier album on l'a fait ensemble et c'était génial de pouvoir la retrouver avec sa maturité.

 

Mais sans te faire offense, c'est vrai que le mariage a toujours bien opéré quand on écoute « Un homme à la mer » cette chanson ne prendra jamais une ride.

Oui, comme je le disais tout à l'heure c'est en « famille » on se retrouve de temps en temps et on travaille ensemble. C'est duo qui marche bien il n'y a pas de conflit d'égo, seulement l'envie d'essayer de faire des choses bien. Avec Edith on essaye tous les deux de se séduire et de s'étonner à chaque fois. Il y a une espèce de dynamique et quand je lui amène une chanson que je viens de finir et que je vois son petit sourire je sais qu'elle a été touchée et j'aime bien ce moment-là. ... Mais je sais aussi quand ça l'a fait chier (rire).

 

On vous verra sur scène tous les deux ?

Edith a décidé de ne plus être dans « Les valentins » parce que pour elle c'était une souffrance de chanter devant et c'est parfois très difficile d'être sur scène, moi cela fait très longtemps que je chante et c'est toujours aussi difficile de me montrer, qu'on me regarde. Je trouve ça très compliqué et il y a un processus avant que je monte sur scène, il faut que j'accepte l'idée que l'on va me voir et cela me prend du temps. En fait j'adore la musique, mais je n'aime pas que l'on me voit, mais je ne peux passer outre parce que je suis toujours porté par les gens. J'ai la chance d'être là depuis longtemps d'avoir un certain nombre de gens qui sont attachés à mes chansons et mon parcours et qui sont présents. C'est un luxe !

 

C'est super intéressant parce qu'avec l'image télévisuelle tu as moins de soucis je trouve ?

Je pense que c'est pareil, mais en revanche je suis plus à l'aise dans un studio, c'est vraiment l'endroit où je sens bien avec la scène que j'aime énormément aussi.J'adore la scène parce que c'est une histoire collective avec les gens que je vais voir et avec le groupe, c'est une famille c'est très important de partager cela et d'avoir une osmose avec les musiciens avec lesquels je joue. Je ne peux pas jouer avec un groupe dans lequel il y a des fractures, c'est arrivé parfois, mais pas cette fois, il n'y avait pas de psychopathe à part moi.

 

Tout le monde a remarqué sur le dernier disque et pendant le concert ce soir la voix est plus en avant dans le mixe beaucoup plus claire avant elle était plus noyée derrière.

J'ai grandis avec les productions anglo-saxonnes et dans ces productions la musique est beaucoup dans le mixe, j'ai toujours tenu à ce que l’on mette la voix dedans, par goût évidemment mais c'est ça qui a marché aussi. Après effectivement il y a eu des plaintes, mais depuis deux ou trois albums je préfère avoir la voix devant.

 

Les jeunes gens modernes ont fait un retour remarqué cette année et donc tu étais très proche de Marquis de Sade toute l'époque du café de l'épée, rue Vasselot. Quel regard tu as sur cette époque là ?

En fait ça me parait être hier. C'est marrant et je trouve cela bien que l'on célèbre ce moment de la musique française et d'une certaine mémoire française. Cela a duré huit mois presque qu'un an, mais ce morceau de temps il a été tellement fort au niveau de la créativité et de son identité. C'était très français et on avait un peu oublié cela parce que la plupart des gens enregistraient à l'époque sur des petits labels.

Et puis personnellement, il y a bien sûr Pierre Lévorns qui est présent ici et qui a fait une exposition sur toute cette époque, il a prit mes premières photos avant que je commence aux Trans Musicales.

 

Viens la question finish, quelles sont les autres dates de votre tournée ?

Il y a Deauville ça va être très différent parce que c'est un théâtre et ensuite à Nyon en Suisse

 

Mais tu fais vraiment des zigzags terribles, parce que le 3 décembre tu vas faire un concert à la salle Pleyel, c'est un fantasme aussi ?

Non parce que c'est eux qui vous demandent, c'est très prestigieux donc bien sûr j'ai dit oui.

 

On va être obligé de te libérer et merci d'être venu.

 

 

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