Rokia Traoré

Rokia Traoré, une grande de la musique malienne

Un des bons côtés des Vieilles Charrues, c'est qu'avec sa programmation très variée, on peut rencontrer des personnalités intéressantes. Rokia Traoré en est une, de par sa musique et son discours. Son album Beautiful Africa, réalisé en collaboration avec John Parish évoque tous les états d'âme humains mélangés à son amour pour son pays. On ne peut s'empêcher de repenser à Let England Shake de PJ Harvey...

Retour sur l'interview de l'artiste malienne....

 

C'est peu de temps après son concert (fin d'après-midi sur la grande scène de Glenmor) que Rokia rejoint le plateau des conférences de presse où elle dira quelques mots sur sa musique et parlera beaucoup de la situation malienne et africaine en général.

 

Sur scène

"C'était bien". Voilà en trois mots le ressenti de Rokia Traoré sur son concert aux Vieilles Charrues. Posée, sans effervescence, cette femme est précise dans son discours, dans le choix de ses mots et n'en fait pas trop.

"Le jour où je ne prendrai plus plaisir en concert, je n'en ferai plus. Le mieux c'est de voir en face de soi des tas de gens qui sont là, parfois par hasard, et qui restent écouter. Non seulement je me fais plaisir en m'exprimant dans la musique, et en plus il y a des gens pour me permettre de vivre de ça. J'ai beaucoup tourné en Bretagne. On parle beaucoup de l'accueil chaleureux et de l'ouverture d'esprit du public Breton. Il a bonne réputation."

 

Sa musique et le Mali

"Je ne voudrai pas exister musicalement qu'à travers la crise au Mali. Ca ne m'intéresse pas."

Rokia Traoré n'en est pas moins impliquée. Son père ayant été diplomate, elle a eu l'occasion de beaucoup voyager et a par conséquent une bonne connaissance du sujet. Elle en parle avec précision.

"Je ne suis pas politique et je ne ferai jamais de politique. Ca ne devient pas un marché pour moi. Et je ne pense pas que mon public attend cela de moi. Mais j'exprime mon attachement profond à mon pays. Il se passe énormément de choses intéressantes au Mali, pas seulement les guerres qui sont le sujet principal des médias européens. Je vis avec des gens normaux, des vies qu'il ne faut pas voir qu'à travers des statistiques ou la pauvreté. Ces gens sont très heureux d'être là-bas."

C'est la musique qui la passionne avant tout. Avec la Fondation Passerelle, elle aide les artistes maliens à s'exprimer à travers leur musique. "L'idée de la fondation, c'est de trouver des vrais musiciens qui veulent apporter quelque chose et qui ne savent pas comment s'y prendre."

 

La situation africaine

"Les Africains en général doivent prendre leurs responsabilités. Il faut prendre du recul et se rendre compte des méfaits d'un fonctionnement entre l'Europe et l'Afrique. Il y a une méconnaissance de l'histoire d'un point de vue africain. Ca fait parti du passé, mais essayer de comprendre l'état d'esprit des Africains est essentiel pour le déblocage de cette relation qui est loin d'être claire encore aujourd'hui. Dans les leçon d'histoire, parmi les raisons de la réussite de l'esclavage, je me rappelle que le prof parlait de la non entente entre les chefs africains de l'époque. Et aujourd'hui encore c'est très difficile. Les chefs ne se comprennent pas. Il n'y a toujours pas de solution africaine aux problèmes africains. Il a fallu que la France prenne en main la coordination entre nos chefs. Il y a clairement un manque d'union."

C'est sur ces mots que s'est terminé la conférence. J'ai regretté de ne pas avoir pu posé de questions sur sa musique, mais ce n'est que partie remise!

Rechercher