Rencontre avec The Celtic Social Club

Un groupe dont l’histoire est intimement liée à celle du festival des Vieilles Charrues c’est The Celtic Social Club. En effet ce collectif aux teintes celtiques a vu le jour lors de l’édition 2014 du festival, mais laissons Manu Mosko, batteur, et Ronan Le Bars, uilleann pipes, deux des sept membres du groupe.

 

Speedweb : Tout d’abord comment votre collectif est il né ? D’un groupe d’amis ? D’un partage musical déjà en place ? Quel était votre but en montant ce projet ?

Manu Mosko : Le collectif est né de son nom, c’est tout à l’envers, c’est trois mots qui sonnaient et puis trois mots que j’ai vite proposé à Jean-Jacques Toux, le programmateur des VC et voilà en deux coups de cuillers à pot c’est devenu la création des VC en 2014, monter un programme et une série de morceaux autour des territoires celtes, faire un concert et à priori ne pas aller plus au delà du concert. Mais ça a bien loupé cette histoire, on a été bien au delà de ça.

 

Speedweb : Donc à l’origine c’était un concert d’une fois, mais ça a bien grandi, comment ?

Manu Mosko : Ça a grandi parce qu’on a fait de bons concerts, et on travaille suffisamment pour faire de bon concert, se retrouver dans de bons festivals…

Ronan Le Bars : Et puis il y avait une attente du public par rapport à ce style de musique qui n’existait plus forcément en France.

Manu Mosko : Oui il n’y a plus grand monde qui fait ce travail, il y en avait dans les années 80s/90s, mais un projet qui travaille sur ces musiques, il y avait un public pour ça les gens ils aiment cette musique là, mais pas de propositions en face.

 

Speedweb : Ça marche bien en Bretagne, ça marche bien aux États Unis, où la culture celtique est très présente par ses immigrations, et le reste du monde ?

Manu & Ronan : Ça marche partout !

Ronan Le Bars : Parce que là on peut se vanter d’avoir fait le tour du monde. On était en Asie, en Chine au mois d’avril, avant ça on était au Vietnam, on a été aux États-Unis.

Manu Mosko : On était en Algérie aussi. Mais par définition c’est une musique qui voyage. Les bretons par exemple sont de grands voyageurs, les irlandais aussi. Donc elle va à la rencontre d’autres traditions et se mélangent et c’est ça qui est intéressant.

Ronan Le Bras : Il y a toujours des gens à qui ça plaît, surtout les déracinés, et pour ça il y a pas besoin d’aller très loin, quand on va à Paris, on voit des bretons qui ont été obligé d’aller y vivre, dès qu’il y a des concerts de musiques celtiques il y aura toujours un Gwenn ha du au premier rang. Donc quand c’est de l’autre côté de la Manche évidemment ça prend encore une autre saveur.

Speedweb : Le Celtic Social Club on pense que c’est avant tout un groupe trad mais c’est aussi plus que ça, pouvez vous nous parler de vos genres musicaux ceux qui vous inspirent et vous mêlez aux airs traditionnels des terres celtiques ?

Manu Mosko : Ah c’est vaste ! On est arrivé à un âge où il faudrait deux heures pour en parler, aussi bien de nos influences que nos envies.

Ronan Le Bras : On écoute un peu de tout donc…

Manu Mosko : Oui ça peut aller du rock, même pun parfois, jusqu’à quelque chose de folk, trad, reggae, jazz… En fait on est sept, absolument curieux.

 

Speedweb : Justement parmis vous sept, y en a-t-il qui ont des attachements à certains genres, et donc telle personne ramène tel genre et telle autre un autre genre ?

Manu Mosko : Bien sûr, par exemple Ronan et Pierre qui sont des mélodistes, parce qu’il y a beaucoup de mélodies donc il faut deux grands mélodistes pour ça, ils sont un peu les gardiens du temple. Mais il faut ça pour respecter la tradition et il y a souvent discussion, où est le point de non rupture, dans le sens où il faut qu’on respecte les tempos, les mélodies.

Ronan Le bras : Trouver le point de fusion quoi, donc on est dans le dialogue tout le temps.

Speedweb : Un exemple de votre ouverture musicale est votre partenariat avec Faada Freddy, il a enregistré avec vous et il me semble que vous vous êtes déjà retrouvé sur scène n’est ce pas ?

Manu Mosko : Oui ! Faada est un grand chanteur, qui aime mélanger les genres. Il a un niveau musical incroyable, il fait tout a capella, et ils assurent la scène ! Donc Faada quand je lui ai fait écouté Christmas 1914, il a dit le chanteur il chante terrible je veux chanter avec lui, la mélodie de pipe ça me parle, je veux faire ce morceau

 

Speedweb : Vous avez aux États Unis, ce public qui à certains endroits est fortement influencé par la culture celtique du fait de la diaspora irlandaise notamment, pouvez comparer le public breton et le public américain ?

Manu Mosko : C’est difficile de comparer car ici on connaît bien. Mais par exemple on a joué dans un théâtre dans la banlieue de Boston, il y avait pas un breton, pas un français, aucun expat, seulement des locaux, et ils nous ont pris au premier degré, ils sont vraiment rentrés dans notre histoire quoi.

Ronan Le Bras : Ici, les gens attendent de voir et sont curieux de voir ce que l’on va faire de leur musique.

Manu Mosko : Moi je ne suis pas breton, ça fait un moment que je traine ici mais par définition le breton il dit non. C’est une base de négociation et après tu avances, avec le public c’est pareil. C’est un public exigeant, tu fais 10 km tu as un festival. Dans les familles il y a toujours un musicien, voir deux ou trois, donc il y a un niveau d’éducation énorme et souvent plus élevé que dans d’autres régions. Donc quand tu arrives avec ton pipe, il faut qu’ils écoutent d’abord et si tu écoutes et que tu es généreux ça peut fonctionner.

Ronan Le Bras : Il y a la même chose en Irlande. J’ai été joué plusieurs fois en Irlande dans un pub, où il y avait des gens connus, alors il y en a un qui va te dire “hey commence à jouer je vais aller prendre un petit verre je t’écoute”, et finalement si t’es pas trop mauvais ils prennent leur gratte ou leur flûte et ils viennent taper le boeuf avec toi. La Bretagne elle est très riche de son terroir musical c’est à dire qu’il suffit de faire 5km et on est dans le terroir d’une autre danse. Du coup c’est très vaporeux des fois ça s'arrêterait presque à un talus, et les gens des fois sont très rigides par rapport à la vitesse, au pas de danse etc., leur code. Et donc il y a tout ce travail pour pouvoir faire en sorte que cette musique soit audible pour toutes les oreilles, c’est à dire les profanes comme non profanes et ça c’est très important et pas forcément évident. Au contraire les irlandais ont su faire la différence entre la musique à danser et à écouter, qu’on joue dans un pub. En Bretagne il y a pas ça il y a toujours ce respect de la danse et c’est vrai que parfois on aimerait avoir l’opportunité d’avoir 3 bits de plus sur un tempo ça sonnerait différemment mais voilà il faut faire avec et c’est à nous de trouver la vitesse idéale pour pouvoir jouer correctement tous les styles de musique dans cette fusion que l’on fait.

 

Speedweb : Évidemment Speedweb est très attaché au Festival Interceltique de Lorient étant de sa région. Vous y jouez cette année, a-t-il une résonance particulière pour vous ?

Manu Mosko : C’est un festival incontournable de la scène celte avec toutes ses influences.

Ronan Le Bras : C’est la plus grosse plaque tournante qui existe dans ce style de musique là, quand on va à Dublin ou n’importe où ils sont quand même assez replié sur leur musique. Depuis que j’ai commencé à défiler mes premiers festoches, je devais avoir 13 ans, il y a toujours eu des irlandais, des écossais, des gallois, et puis aussi parfois des pays pas à proprement celtique, parfois on voit arriver un mec avec un didgeridoo qui accompagne un écossais. En fin de compte voilà il y a toujours eu ce souci de mixité qu’on retrouve je crois que au Festival Interceltique. Après ça a fait des petits, par exemple le festival de Glasgow.

Manu Mosko : Tous les grands de cette scène, celtique, sont passé par le FIL !

 

Vous pourrez donc retrouver le Celtic Social Club au Festival Interceltique de Lorient le 5 août à l’Espace Marine à partir de 22h.

 

Interview signée Amandine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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