Rencontre avec Leska

Pour la dernière soirée des Indisciplinés nous avons pu découvrir le duo rennais Leska sur la scène de Quai 9. Ils nous ont livré un show pointilleux, frais et complètement entraînant ! Ce groupe électronique est encore tout jeune depuis un an environ il réunit Thomas, que l’on retrouve aussi pour son projet personnel sous le nom de Douchka, et Marc, lui aussi en projet solo sous le nom de Lesgordon. Le groupe émergent n’a pas de frontière, bien que l’on puisse les qualifier d’électro ils n’aiment pas se lier à un unique genre et ils ne se limitent pas non plus à nos frontières bretonnes, françaises ou européennes ayant collaboré avec un groupe sud-africain, Batuk, pour nous donner le titre “I Got You”, un fin mélange de culture, à découvrir ! Speedweb a pu les rencontrer en interview, voici ce que ces garçons plutôt bavards avaient à nous dire.

 

 

Speedweb : Comment le projet Leska a-t-il commencé ?

Thomas : Alors ça a commencé officieusement il y a un peu plus de deux ans, quand on s’est rencontrés avec Marc.

Marc : En fait, on a deux projets solos, Thomas a Douchka et moi Lesgordon, et on s’est rencontrés via une date en commun. En fait je devais juste ramener Thomas à Rennes, parce que l’événement n’était pas dans Rennes même, c’était au campus de Kerlann à Bruz. Et du coup on a écouté de la musique dans ma voiture et on s’est rendu compte qu’on avait plein d’influences communes, et qu’on trippait sur les mêmes sons. Thomas m’a proposé de revenir boire un café chez lui pour écouter des vinyles, en fait le projet a commencé de façon hasardeuse. Mais du coup on s’est bien entendu dès le départ, c’était plus une rencontre humaine que vouloir lancer un projet, puisque l’on avait déjà nos projets, ça a vraiment débuté sur un petit coup de tête comme ça.

 

Speedweb : Du coup c’est à force de vous voir que vous avez commencé à jouer ?

Marc : On avait l’ordi de Thomas pour s’échanger des trix, en tant que producteurs quoi, et on s’est dit tiens ça pourrait être marrant de jamer, de faire un morceau. Et pendant cette soirée on a fait un morceau « Olympia », notre premier morceau, on l’a posté sur soundcloud, le tout premier pour Leska.

Thomas : Ça ne s’appelait même pas Leska en fait…

Marc : Non il n’y avait même pas de nom de groupe !

 

Speedweb : C’était simplement Douchka et Lesgordon ?

Marc : Oui voilà au départ c’était ça, et au fur et à mesure on a eu une personne qui a été très influente sur le projet, qui s’appelle Gaetan Naël, qui est le programmateur de l’Antipode à Rennes. Il a écouté notre premier morceau et il a accroché direct, et nous a dit écoutez les gars vous devriez continuer à faire des morceaux, parce que je crois qu'il y a un vrai truc. Et c’est aussi comme ça que ça a commencé Leska, grâce à une tierce personne qui est aujourd’hui notre manager.

 

Speedweb : Comment chacun de vous avez commencé la musique, quelle est votre formation musicale si vous en avez une ?

Thomas : Moi j’ai un background de DJ à la base, quand j’avais 15-16 ans j’ai commencé à jouer dans des clubs, des bars de nuit en Bretagne. Mon premier festival c’était Astropolis, puis Panorama j’avais 18 ans. Puis plus sérieusement pour moi, dans la production et création de morceaux en signant sur un label qui s’appelle Nowadays Records, qui est le label de la Fine Équipe, de Fakear, et après ça s’est développé en parallèle avec la rencontre avec Marc. Parce que quand j’ai commencé à produire des titres de manière sérieuse, bizarrement ça a coïncidé avec la rencontre avec Marc, d’ailleurs j’ai rencontré mon label par son intermédiaire.

Marc : J’avais eu un RDV avec Nowadays, je ne savais pas encore sur quel label je voulais signer mais j’ai dit direct ah ça pourrait être intéressant pour Thomas, parce qu’il y avait une bonne vibe et je savais que ce label pouvait lui correspondre.

 

Speedweb : Donc vos projets perso étaient commencés avant Leska ?

Marc : Oui, moi j’ai commencé à faire de la musique plus jeune. J’étais au conservatoire, je jouais du violoncelle, en formation classique. Et j’ai arrêté vers 20 ans, parce que après mon bac je suis allé aux Beaux-Arts et je me dirigeais plus à faire du dessin. Et puis un ami à moi m’a conseillé plein de disque, plein de choses que je ne connaissais pas, des choses indé, des choses électroniques etc., et ça m’a redonné goût à faire de la musique mais d’une autre façon. J’ai voulu commencé à créer ma musique et c’est comme ça que j’ai commencé le projet solo que j’ai et a suivi la rencontre avec Thomas.

 

Speedweb : Quels sont les groupes qui vous ont inspirés ?

Marc : Sur Leska, on a eu pas mal d’influences, des producteurs comme Flume mais aussi des producteurs moins connus, des sons assez pointus dans l’électronique. Après chacun on a des influences différentes, moi je sais que j’aime bien Radiohead, enfin des trucs différents…

Thomas : Bas on écoute beaucoup de choses, moi j’écoute du rap, on écoute aussi beaucoup de pop et on essaye de retranscrire ça en concert. Nos influences principales pour la scène et le studio ça va être des groupes qui ont bien travaillé ces deux aspects là comme Justice ou Gorillaz etc. [Marc : Phoenix aussi] En fait on aime les gros exemples, on n’aime pas vraiment être raccrochés au terme de futur beat, moi je ne sais pas ce que ça veut dire, pourtant on nous met souvent dans cette case parce que l’on est dans un label qui sort de cette musique-là. On peut avoir des morceaux hyper pop mais aussi des morceaux hyper bourrins.

Marc : Et puis on a vraiment une palette d’influences énorme, il y a tellement de diversité, on aime beaucoup cette diversité, on aime autant le jazz que le classique ou l’électronique. Avec Leska sur le live il y a vraiment une énergie que l’on veut vraiment retransmettre.

 

Speedweb : Qu’est-ce que vous aimez dans le fait de créer et jouer à deux ?

Marc : Il y a un côté ludique, on fait des choses auxquelles on n’aurait pas pensé seul. En général c’est un ping-pong que l’on fait avec Thomas en studio, il commence un beat, moi une mélodie, il renchaîne sur la mélodie puis moi sur le beat, on aime bien jouer à ce jeu-là pour créer des morceaux et puis après il faut bien les finir.

 

Speedweb : Vous avez sorti des singles, récemment un EP qui les réunit, est-ce que vous avez un projet d’album ?

Marc : Pour le moment on a surtout le projet de faire de nouveaux morceaux. On n’a pas vraiment de stratégie sur le format encore, parce qu’on aimerait bien sortir de nouveaux morceaux avec des voix, comme ce que l’on a fait avec Batuk. Mais en tout cas on prépare plein de morceaux.

Thomas : On a 20 démos en tout pour l’instant, après on va peut-être en garder deux ou trois.

Marc : On fait le tri parce qu'on veut vraiment donner aux gens des choses intéressantes.

Thomas : Tout le monde se précipite aujourd’hui, il faut avoir du contenu tout le temps, et on entend des choses qui se ressemblent beaucoup mais qui ne sont pas si ouf que ça. Nous on aime bien mettre l’accent sur les morceaux qui butent vraiment et du coup, là sur l’EP on trouvait dommage de sortir certains morceaux aussi tard parce que c’était presque plus vraiment nous aujourd’hui.

Marc : Mais c’était bien de pouvoir les sortir !

Thomas : C’était bien et aujourd’hui on aime pouvoir garder du temps pour pouvoir faire des choses cools. On est en train de réaliser nos propres clips, nos propres covers, on fait tout nous-mêmes et c’est intéressant parce que tu as une version plus cernée de ce que tu fais, c’est un peu moins fouillis par contre tu colles pas aux règles des artistes émergents qui passent leur temps à sortir du contenu. Mais pour l'instant ça ne nous dessert pas, quand on prend I Got You et Rolling, ce sont deux singles qui ont bien marchés sur les réseaux, et ce n’est pas non plus énorme mais on a quand même une tournée de 20 dates sur l’automne.

Marc : Et on a une bonne tourneuse, on a la chance d’avoir des gens bienveillant autour de notre projet.

Thomas : On a des gens exigeants et on préfère ça à avoir des gens qui demandent du contenu tout le temps.

 

Speedweb : Comment gérez-vous votre projet de Leska et vos projets perso à côté ?

Thomas : Google Agenda !

Marc : Oui ça c’est un peu la règle déjà, quand on a une option de poser pour Leska ou pour nos projets, bas on y touche pas, ou alors on en discute, mais ça reste entre Thomas et moi. Pour le moment on arrive à gérer les deux en même temps.

 

Speedweb : Est-ce que vous pouvez parler de votre collaboration avec Batuk ?

Marc : On avait initialement décidé de faire un instru, un morceau sans voix, et puis notre éditeur avait trouvé intéressant d’y intégrer des voix, et il avait un groupe avec qui il travaillait et a voulu leur envoyé la piste pour voir s’ils pouvaient faire quelque chose dessus. Et une semaine après la chanteuse nous avait renvoyé un pack avec les pistes de voix. On était chez Thomas, on a écouté, on a juste posé les pistes et là on s’est dit : “Waaaaw”, ça défonçait, il n’y avait pas énormément de retouche à faire, l’énergie y était, enfin c’était super bien amené.

Thomas : Ça arrive très très rarement.

Marc : Et du coup ça a commencé comme ça, et le morceau s’est fait. Notre éditeur et le label nous ont envoyé tourner un clip avec eux, en Afrique du Sud. C’était une super rencontre, on a voyagé spécialement pour le clip. Et pendant le séjour on a créé un morceau que l’on va jouer ce soir, Welcome to Mandela.

 

Speedweb : Donc c’est eux la voix sur Welcome to Mandela ?

Marc : Non, c’est encore une autre histoire ça !

Thomas : On a eu une seule demi-journée quand on était là-bas, donc on est allé visiter la maison de Nelson Mandela, et il y avait des gamins qui chantaient devant pour les touristes, et Marc a filmé…

Marc : En fait on avait prévu de faire une petite vidéo de voyage, on avait la soirée libre à l’hôtel, on s’est dit que ça pouvait être marrant de regarder les rush et on est tombé sur la vidéo des gamins qui chantaient et Thomas a dit vas-y on va faire un morceau dessus ! Et du coup on était à l’hôtel avec un petit clavier, on a samplé la vidéo et on a fait un morceau à partir de ce sample là, que l’on avait enregistré deux jours avant. Le morceau a été créé à 80% ce soir-là, on est repassé en studio dessus après pour le finir, mais il a quand même été créé en Afrique du Sud, dans une chambre d’hôtel.

Thomas : C’est un morceau de live…

Marc : Ouais c’est un morceau de live, il garde cette énergie qu’on avait quand on l’a fait à 4h du mat’ dans notre chambre d’hôtel. C’est un très bon souvenir !

 

Speedweb : Vous préférez jouer en live, ou enregistrer en studio ?

Marc : C’est très différent, en studio on aime bien se retrouver pour créer des morceaux, après c’est plus compliqué car on est très exigeant concernant les morceaux on veut vraiment créer quelque chose de bien. Et en live on se lâche en fait même s’il y a beaucoup de travail derrière, c’est là où on donne tout.

Pour nous c‘est important que ça soit vivant, ce n’est pas juste un ordi qui lance la séquence.

 

Speedweb : Au début de l’année vous avez travaillé avec les Ateliers Musicaux de Guidel, vous pouvez en parler ?

Marc : Oui alors moi j’ai travaillé avec les Ateliers de Guidel, mais Thomas a fait des ateliers en prison, toujours à Lorient. On a été très connectés sur des actions culturelles, à Vannes aussi mais surtout à Lorient. J’ai bossé avec des jeunes qui étaient volontaires, on a travaillé sur une démo de Leska, et on a créé un morceau avec eux en studio. C’était bien de travailler avec eux parce qu’on leur laisse un vrai souvenir, une vraie trace, les jeunes avec qui j’ai bossé étaient super motivés et enthousiastes. C’est super de leur montrer tout ça parce que c’est eux l’avenir. C’est hyper important de partager quelque chose que toi tu as appris et de le retransmettre à des jeunes.

Thomas : Moi je travaillais avec des détenus, j’avais fait un concert et il y avait de l'intérêt, je m’étais dit que ça serait cool de revenir. J’ai fait une semaine d’atelier de beatmaking avec eux, dans le centre, c’était impressionnant. C’était vraiment très très bien, c’est la meilleure action culturelle que j'ai faite. Là tu as un réel intérêt de gens, tu vas dans leur sens et puis tu les amène à checker d’autres trucs, c’était ouf.

 

Speedweb : Vous avez eu pas mal de dates en 2017, est-ce qu’il y en a qui vous ont plus marqué que d’autres ?

Marc : Niort ! Ça a été une date importante, ce n’est pas relatif à la taille du public mais à l’interaction avec le public.

Thomas : Après les Transmusicales ont été ultra ouf aussi.

Marc : C’est un autre registre, il y a des pros qui t’attendent…

Thomas : Belle-île-on-air c’était cool aussi, Stereolux à Nantes.

Marc : Ouais il y a des dates comme ça, même Bikini, à Toulouse, c’était très bien. On aime bien laisser un souvenir aux gens.

 

Speedweb : Est-ce qu’il y a des festivals ou des salles que vous rêvez de faire un jour ?

Marc : Il y en a toujours plein, les Vieilles… Coachella !

Thomas : Ce que l’on aimerait faire c’est une tournée Leska, où on est présent. On va y travailler...

Marc : Oui on va y travailler, c’est le but, mais on se dit on peut essayer de faire un maximum de dates, les enchaîner, de vivre ça quoi. Ça serait vraiment super chouette de pouvoir le faire.

 

Amandine

 

 

 

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