Festival Interceltique 2018 – Interview de Calan

Pour cette édition 2018 du Festival Interceltique de Lorient, les rues de Lorient ont particulièrement vibré aux sons des groupes gallois, le Pays de Galles étant invité d’honneur. Speedweb a eu l’occasion de rencontrer Calan, un jeune groupe dynamique gallois. Nous avons posé quelques questions à Patrick Rimes, joueur de violon, d’une sorte de cornemuse et musicien reconnu au Pays de Galles.

 

 

SW : Qui est Calan ? Combien êtes-vous ?

C : Nous sommes 5, nous sommes tous dans la vingtaine et nous jouons ensemble depuis 10 ans.

 

SW : 10 ans ! Cela fait déjà beaucoup, surtout pour des gens dans la vingtaine !

C : Oui plutôt, pour moi en particulier, je suis le bébé de la bande et j’en suis au point où j’ai passé la majorité de ma vie dans ce groupe.

 

SW : Comment le groupe s’est-il formé ?

C : A l’ origine c’était un groupe manufacturé par un label au Pays de Galles, ils voulaient faire un groupe qui jouerait de la musique traditionnelle tout en l’associant à des sons plus pop. C’est eux qui nous ont choisi mais on se connaissait déjà, ce n’était pas non plus X Factor ! Ils nous ont beaucoup aidé, à enregistrer, sur les arrangements musicaux, le coté marketing etc. Ils nous ont vraiment guidés les premières années. Ces dernières années nous sommes devenus beaucoup plus indépendants, nous travaillons nous même et pour nous maintenant. Mais ils sont toujours notre label et sont super avec nous, ils aident beaucoup.

 

SW : Comment êtes-vous connu au Pays de Galles et au-delà ?

C : Pour être honnête au début nous avons rencontré plus de succès en dehors du Pays de Galles, ça été plus long chez nous. La scène traditionnelle était plus favorable et développée en Angleterre et en Amérique du Nord. En plus il n’y avait pas vraiment de groupe gallois qui tournait là-bas, c’était donc une faille parfaite dans laquelle nous avons pu nous glisser pour entrer dans ce monde. Mais désormais on joue pas mal au Pays de Galles aussi, avant on vendait une centaine de places, 200 maximum, maintenant on joue plus devant 250 à 500 personnes. C’est vraiment super de vendre nos concerts ainsi, le public est très enthousiaste et nous soutient beaucoup, et puis c’est vraiment bien de pouvoir jouer au Pays de Galles, à la maison.

 

SW : Est-ce que tu penses que ce gain de reconnaissance chez vous à un lien avec le fait que vous soyez plus autonomes dans votre musique ?

C : Oui peut-être, on ressent notre musique maintenant comme nôtre et donc on est certainement d’autant plus enthousiaste sur scène etc. donc le lien avec notre audience en est encore plus fort certainement. Mais nous en serions peut-être pas là sans tout le travail que notre label a fourni avant !

 

SW : Vous ne jouez plus uniquement de la musique traditionnelle ?

C : Nous composons, nous écrivons tout le temps de nouvelles chansons, et nous essayons toujours d’innover dans nos arrangements musicaux. Mais le cœur, le commencement sera toujours le traditionnel, quand on écrit on essaye d’écrire dans un « style » gallois, on nous demande souvent ce que c’est ce style gallois et honnêtement on ne sait pas très bien, c’est juste que certaines chansons sonnent irlandaises, d’autres bretonnes ou galloises, mais c’est difficile de dire pourquoi !

 

SW : Et donc vous chantez en gallois ?

C : Oui ! On chante en gallois et aussi en anglais. On utilise de vieux textes et le gallois est notre langue à tous, on se parle d’ailleurs autant en gallois entre nous qu’en anglais, et nos chansons sont aussi autant en gallois qu’en anglais. Par exemple, une de nos chansons a un couplet en gallois et un autre en anglais, cette chanson traite de notre relation à notre langue. Nous sommes assez chanceux au Pays de Galles, car nous avons mieux réussi que d’autres pays celtiques à préserver notre langue, 30 % de la population galloise parlent gallois et bien plus l’apprennent à l’école. On a une sorte de culpabilité par rapport à notre langue et au fait qu’elle aurait pu ou pourrait disparaître et donc nous voulions vraiment écrire une chanson qui en parlait.

 

SW : Peux-tu nous parler de Pendevig ? Pourquoi avoir monté ce nouveau projet/groupe avec autant de musiciens et d’artistes ?

C : Heu… Je pense qu’on voulait juste faire plus de bruit ! Et plus de personnes c’est aussi plus de fun ! Nous avons de nombreux musiciens mais aussi des danseurs, et on utilise la parole d’une manière importante, nous avons des chanteurs, et nous interprétons des chansons traditionnelles avec de nouveaux arrangements. On travaille aussi avec Iestyn Tyne, un poète fantastique, qui utilise d’anciennes manières, comme ce bâton avec lequel il frappe le sol lorsqu’il conte ses textes. Il écrit des poèmes modernes en utilisant d’ancienne métrique de poème. Il utilise aussi une vieille forme de Gallois et arrange tout ça autour de notre musique. C’est vraiment super de l’avoir avec nous, utiliser la parole comme ça donne une autre dimension à ce que l’on fait.

 

SW : Et le projet Pendevig est tout nouveau ? Quand est-ce que ça a commencé ?

C : Oui, en fait on a fait notre premier concert ici il y a deux jours !

 

SW : Vraiment ? Ça a commencé ici alors ?!

C : Oui c’était un projet collaboratif entre Lorient et le Conseil des Arts Gallois. Mais nous devons partir mercredi (8/08) malheureusement, nous avons un concert important à Cardiff. Notre premier album est déjà disponible, ici à Lorient, mais notre second album est aussi enregistré, deux pour le prix d’un ! On espère que ça va marcher et que c’est un projet qui pourra continuer, au-delà de Lorient et du festival.

 

SW : Et pour le groupe Calan, était-ce une première aussi au Festival Interceltique ?

C : Non, c’est la quatrième ou cinquième fois ! Nous étions là la dernière fois que le Pays de Galles était pays d’honneur en 2008, j’étais plutôt jeune à l’époque, j’avais dans les 16 ans ! C’était sympa de pouvoir se faufiler quand personne ne regardait pour découvrir le festival, et attraper une bière au passage ! Et puis il y a deux ans nous étions en première partie d’un groupe irlandais à l’Espace Marine. C’était deux expériences marquantes ! On était donc content de revenir, surtout pour une nouvelle année du Pays de Galles. Nous aimons Lorient, on est toujours très bien accueillis, et désormais les gens commencent à nous connaître et viennent pour nous voir en concert. Mais ce que nous avons toujours aimé à Lorient c’est que les gens ici semblent faire confiance aux organisateurs pour programmer de bons groupes, ce n’est pas seulement les grands noms de la scène musicale pour vendre des billets. L’audience ici va voir les concerts avec plaisir, pour découvrir de la bonne musique. Donc en jouant ici, peu importe la scène, on sait qu’on aura un super public, donc on est toujours content de revenir !

Amandine

 

 

 

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