Paterson

Durée : 1h58

Date de sortie : 21 décembre 2016
 
Réalisateur : Jim Jarmush
 
Nationalité du film : Américain
Type de film : Drames, comédies
 
Acteurs : Adam Driver, Golshifteh Farahani, Rizwan Manji...

 

Synopsis :

De brefs instants du quotidien de Paterson, conducteur de bus de la ville de Paterson, New Jersey, ville de nombreux grands poètes américains : William Carlos William et Allen Ginsberg pour citer les plus célèbres. La trame suit le fil des jours de la semaine, d'un lundi au suivant. Quelques poèmes, des tracas légers, une relation avec une femme artiste qui fait des cupcakes et se rêve chanteuse de country en repeignant toute la maison, un chien (Marvin) espiègle et des personnages secondaires qui viennent souffler un peu de leur existence dans la vie des autres.
 
 
Critique :
Qu'est-ce que la poésie ? Où commence-t-elle ? Lorsque on aborde la question de la création, ce sont des problématiques qui deviennent éminemment complexes. Pourtant, Jarmush les traite dans Paterson avec une simplicité évidente. Les poèmes que produit Paterson ne sont pas des épanchements lyriques sur le Temps, l'Amour ou la Mort, il n'y a ni métrique, ni de rimes et la description d'une boîte d'allumette suffit pour que l'écrit s'appelle poème. Alors on taxera le film d'ennuyeux, trop lent, vide, pseudo-intellectuelle, maladroit, naïf, enfantin... et ce sera une position bourgeoise. Paterson est un chauffeur de bus d'une ville en déclin, où se tiennent encore les restes du fleurissement industriel américain. Elément de l'ère post-industrielle et du néo-libéralisme américain, il reprend le geste de Chaplin dans Les Temps Modernes.
 
 
La poésie est son moyen pour une subversion douce, c'est-à-dire que ses infimes variations sur son quotidien, et l'attention muette qu'il porte aux choses, aux gens, expriment son individualité, sa subjectivité posée sur le monde. Il n'est pas qu'un seul agent de production éphémère et remplaçable de l'organisation capitaliste du travail, il est également poète, en quête de Beau et d'éternité; et c'est ce que le film démontre avec sa lenteur et la façon dont Jarmush capture l'espace urbain. Déjà remarqué dans Only Lovers Left Alive et sa captation de Tanger, il reproduit ici sa façon romantique de filmer la ville, pleine de détails pittoresques. 
Par ailleurs, les personnages secondaires sont gigantesques de vie. Les mots sont rares, les instants à l'écran aussi, pourtant leur puissance est évidente, leur force comique également. Pourtant il n'y a pas de gags, juste un comique de situation tendre, terriblement humain, où nos faiblesses, nos postures, sont allégées, traitées avec distance, comme un réel qui n'est pas si grave. Les vrais sentiments sont dans l'art.
 
Note Speed : SSSSS
 
Critique signée Nans
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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