Poesia Sin Fin

Date de sortie : 5 octobre 2016 

Durée : 2h08

Réalisateur : Alejandro Jodorowsky

Nationalité : Chilien 

Genre : Biopic & Drame

 

Acteurs :

Alejandro Jodorowsky (jeune/adulte/vieux)

Jeremias Herskovits/ Adan Jodorowsky/ Alejandro Jodorowsky

Sara Jodorowsky & Stella Diaz Varin : Pamela Flores

Jaime Jodorowsky : Brontis Jodorowski

Enrique Lihn : Leandro Taub

 

 

Avertissement : Scènes de nudité et de violence.

 

Synopsis :

            Ce film est une autobiographie d'Alejandro Jodorowsky, il retrace sa jeunesse au Chili. Le jeune Alejandro Jodorowsky, fils unique de Jaime et Sara, mène une vie qui lui déplaît, avec un père peu aimant voire tyrannique, une mère soumise, le tout dans un quartier malfamé... Et alors qu'il est poussé par son père vers une carrière de médecin, Alejandro décidera de devenir un poète.

 

Critique :

            Alejandro Jodorowsky est un des plus grands noms du cinéma, à l'univers métaphorique, étrange et beau. Il est ce qu'on peut appeler un artiste et un homme à tout faire, en effet, il est et a été comédien, compositeur, poète, dessinateur de bandes-dessinées, acteur, écrivain et réalisateur, et le summum de cette polyvalence, c'est que Jodorowsky est extrêmement talentueux. Et ce dernier détail, Poesia sin fin nous le rappelle.

            Les premiers instants du film nous rappelle immédiatement qui en est l'auteur, la patte du réalisateur est présente, avec cette caméra aux cadrages imaginatifs et inventifs, ces mises en scène métaphoriques mais néanmoins parlantes, et ces dialogues alambiqués et profonds. Jodorowsky sait monter une scène et ses idées de construction sont variées, parfois drôles et parfois étranges, un sens  semble toujours se dégager pour celui qui aime se creuser la tête pendant un film et analyser un tant soit peu l'image.

            Contrairement à certains films expérimentaux auquel Poesia sin fin peut faire penser, la trame scénaristique est ici assez linéaire et ne perd pas le spectateur, nous suivons une jeunesse, celle d'Alejandro Jodorowsky, présentée par les Jodorowsky. Certains éléments de l'histoire peuvent paraître plus hétérogènes au fil narratif du film, mais il est assez intéressant de savoir qu'au delà d'être une œuvre autobiographique, Poesia sin fin est une œuvre intime pour son réalisateur, car qu'elle lui a permis d'exprimer certains sentiments acquis au cours de sa vie, de revenir sur des sujets familiaux et de faire la paix avec lui-même.

            Cet aspect très personnel du film est aussi donc présent de par le choix des acteurs, nous avons Brontis et Adan Jodorowsky, fils d'Alejandro, qui incarnent respectivement leur grand-père et leur père. Leurs performances, à l'instar de celles des autres comédiens, sont remarquables, d'autant plus que la mise en scène peut encourager à surjouer. Les prestations sont en concordance avec les situations et les événements, et la poésie qui imprègne Poesia sin fin se retranscrit dans les jeux des acteurs.

            La musique, composée par Adan Jodorowsky, est peut-être facilement oubliable tant d'autres aspects du film marquent plus, mais cela est un tort car elle fait symbiose avec les scènes qu'elle accompagne. Belle, touchante, drôle, angoissante... Un univers sonore naît en même temps que l'univers visuel de Poesia sin fin, aboutissant alors à un jumelage exemplaire.

            La dernière œuvre d'Alejandro Jodorowsky est donc l'un de ces travaux les plus majestueux, un testament de vie d'artiste, l'accomplissement de longues années d'expérimentations audacieuses et inventives. Les spectateurs de cinéma pop-corn et plus simples concernant le traitement de la narration peuvent prendre le risque d'aller voir Poesia sin fin, car même si le film peut sembler expérimental, il n'en reste pas moins accessible et plaisant à regarder.

 

            Concernant les amateurs de cinéma de genre, ils peuvent foncer voir Poesia sin fin, ils prendront alors un grand plaisir à pénétrer dans un univers atypique, à grandir en compagnie de l'Alejandro incarné par Adan, à décortiquer mentalement les idées de mises en scène étonnantes et belles qui cachent plus ou moins subtilement diverses thématiques, et à se laisser emporter par la beauté auditive des textes et de la musique. Sachant que toute cette poésie vous suivra probablement  hors de la salle, vous choyant l'esprit avec douceur, plusieurs jours après le visionnage.

         

Speednote : SSSSS

 Erwan

 

 

 

Rechercher