Faubourg 36
« ...Ce film, c’est pas tout fait la vie, c’est la vie en plus beau, en plus dur ; mais c’est notre vision à nous, avec, comme ça, l’ambition de faire un conte... » SORTIE LE 24 SEPTEMBRE 2008 L'équipe du Speed vous propose de découvrir avec eux en avant première le nouveau film de Christophe BARRATIER. |
Christophe Barratier nous offre un second long métrage, mettant en scène de grands acteurs français.
Pour cela, Christophe Barratier fait une nouvelle fois appel à Gérard Jugnot, fil conducteur dans « Faubourg 36 » comme dans « Les Choristes », son premier chef d’œuvre. Il offre également un rôle à Kad Merad – déjà présent dans son premier court métrage – à qui il voulait donner une place de premier plan ; bien sûr, il n’avait pas prévu que « Bienvenue chez les Ch’tis » lui en donnerait une en premier. Clovis Cornillac est aussi de la partie, Christophe Barratier lui donne un rôle qui pourrait faire penser au gros dur avec un grand cœur, mais en vérité, il est plus proche du type convaincu par ses idées, une « grande gueule », mais au discours intelligent. L’ami sur lequel on peut vraiment compter. Entre ces trois- ‐là règne une vraie alchimie, une réelle complicité que le spectateur ressent obligatoirement ; en les voyant arriver, on se dit « voilà le trio » et non pas « voilà Kad, Gérard et Clovis ». Mais il restait encore à trouver une voix à ce film, et c’est en la personne de la sublime Nora Arnezeder que nous la découvrons. On notera également la présence dans le casting de comédiens comme Pierre Richard et François Morel, ayant droit à des moments musicaux ; ils nous font rappeler que les seconds rôles n’en sont pas de moindres.
Des acteurs, des voix, des décors, une trame de fond : tout cela est mélangé pour nous proposé un « film - comédie musicale ». L’histoire est simple, le Faubourg vit grâce à un théâtre, qui malheureusement va sombrer et attirer avec lui tout le Faubourg.Celui- ‐ci décide donc de prendre les choses en main et de se donner une chance. Christophe Barratier nous explique cela : « Comment est- ‐ce que trois handicapés de la vie vont réussir à transformer le quotidien grâce à la pratique artistique ».
Le contexte historique est très présent : on y voit la montée du fascisme et de la xénophobie en France et dans le reste de l’Europe en toile de fond, ainsi que la naissance du gouvernement du Front Populaire et du rêve communiste, les congés payés, etc.
Pour ce qui est des décors, nous sommes comblés. Le véritable vieux Paris ayant prit le goût de la modernité, il a été recréé en studio pour les besoins du film. Même le théâtre, lieu de plusieurs scènes mémorables du film, a été recréé de toute pièce.
Maël, son avis
Après les Choristes, Christophe Barratier nous offre son deuxième long métrage, un film qui se veut être un véritable spectacle, qui lui ressemble et qui reste fidèle à ses convictions car, comme il le dit lui- ‐même, il ne fait pas de film pour le marketing.
C’est donc bien loin des films d’action survoltés américains à l’héroïsme surréaliste qu’il ose réaliser un film dont l’action se déroule dans le vieux Paris populaire des années 30, mêlant comédie, musique et mélodrame. Cela fera la richesse du film pour certains, alors que pour d’autres, ce film risque indubitablement de paraître trop « vieillot » avec son action profondément ancrée dans une époque qu’ils n’ont pas connue, et ses musiques de cabarets dignes de celles qu’écoutent leurs grands- ‐parents. Ces derniers risquent ainsi de ne pas se laisser porter par la nostalgie qui émane tout au long du film, alors que les autres en seront totalement bercés.
Le scénario est plutôt bien ficelé mais ne relève pas non plus de l’excellence. Et pour cause l’histoire est un peu simpliste, un peu « cucu la praline », avec ses messages bon enfant (l’union fait la force) : les trois petits ouvriers qui vont s’unir face au grand méchant promoteur pour tenter de reprendre leur cabaret de faubourg. Ce qui va ravir une nouvelle fois un public « mûr » (le même qui s’est rué sur « Les Choristes », « Bienvenue chez les Ch’tis »...) a de fortes chances de paraître trop fadasse au public en manque d’action sur- ‐ vitaminée.
Mais le film attire grâce à la pléthore d’acteurs fantastiques qu’il a réuni : des ténors du cinéma (Gérard Jugnot, Clovis Cornillac, Kad Merad) à d’agréables surprises avec la superbe Nora Arnezeder, une inconnue qui risque fort de ne plus l’être longtemps, et même Pierre Richard, le grand blond à la chaussure noire que l’on retrouve avec plaisir. Ils ont d’ailleurs tous dû se mettre à des cours de chant et de danse (ce qui a valu des bonnes compositions au film) qui ne se sont apparemment passées sans mal. On aurait aimé être là !
Ce qu’Audrey en pense
Très bon film, très prenant ! Encore un futur succès pour Christophe Barratier. Toutefois, je trouve qu’il y a parfois des flashs d'autres films qui surviennent, comme, par exemple, celui de « La Môme ».
Les prises de vues sont telles que l'on on ne sait plus beaucoup si l'on est au cinéma ou au Music Hall, on a presque envie d'applaudir durant la séance !

Et pour Hélène
« Humain » est un adjectif qui, à mon avis, qualifierait bien « Faubourg 36 ». Par la profondeur des personnages, tous justement joués par des acteurs talentueux. Le trio Gérard Jugnot, Kad Merad et Clovis Cornillac semble posséder une alchimie singulière, et il est difficile de ne pas s’attendrir devant l’amitié que les héros se portent.
Je relèverai aussi le talent dévoilé de Nora Arnezeder, jusqu’à lors inconnue du public.
L’intrigue est bien menée du début à la fin, et je ne me suis pas ennuyée une minute. Les clichés que certaines scènes auraient pu amener sont habilement évités.
Des clins d’œil à des films cultes et références sont dispersés un peu partout dans le long- ‐métrage ; et, alors que certains ont trouvé cela lourd, j’ai pris plaisir à les démasquer du début à la fin, testant par la même occasion ma culture cinématographique.
C’est un film à voir et à revoir. Seul(e) ou en famille. Mais surtout, à ne pas manquer.
Sören explique
Le scénario est plutôt bien développé. Heureusement, le début du film n’annonce pas la fin – comme c’est souvent le cas au cinéma – et est, quant à elle, bien particulière. Le tout reste un peu trop romancé. Le film n’en est pas moins beau et réaliste. Faubourg 36 n’est pas une chronique historique mais une chronique de la vie quotidienne. Mais comme nous dit Christophe Barratier, là est tout le film : nous raconter une histoire ou, comme nous le disions plus haut, un conte de fée, sur fond de faits d’Histoire.
Assumer l’imaginaire, « ce n’est pas pour rien que le dernier plan du film (clin d’œil au enfant du paradis) est un rideau qui se ferme, comme à la fin d’une représentation » confie C. Barratier.
Et selon Xavier
Faubourg 36, c’est l’histoire d’un faubourg, en 1936 (jusque là, tout va bien !). Dans le film de Christophe Barratier, le Faubourg est un quartier où l’on aimerait vivre, malgré la tristesse dans laquelle il est plongé, parfois, malgré cette magie éphémère qui le fait vivre. Mais au fond, cette magie reste quand même, et c’est avec elle que le film avance, c’est avec elle que les personnages avancent. Lorsque nous avons passé le prologue je me suis littéralement plongé dans le film, en oubliant tout. J’étais en 1936, avec le théâtre qui m’était à la fois familier et accueillant. C’est donc l’un des points forts de ce film pour moi : il nous invite à venir voyager à travers le temps, dans des lieux qui sont si bien représentés que l’on voudrait y rester. J’ai découvert une époque, et plus particulièrement La vie d’un quartier parisien à une époque. Bien entendu, cela reste un film, avec ces accentuations et sa « théâtralisation » des lieux.\
Si l’on regarde du cotés des acteurs, nous avons les habitués ayant déjà tourné avec Christophe Barratier (Gérard Jugnot et Maxence Perrin). Ces deux personnages, comme ils l’ont fait dans « Les Choristes » nous ont attendri, avec une complicité et un inévitable clin d’œil au précédent long métrage de Christophe Barratier. Ensuite se présentent Clovis Cornillac et Kad Merad qui nous proposent un duo contrasté et amusant. Puis Nora Arnezeder qui est l’agréable surprise, une femme avec un grand talent très attachante. Il ne faut bien sûr pas oublier Pierre Richard, François Morel, Reinhardt Wagner, etc. qui ont, eux aussi, leur place dans le scénario de Christophe Barratier.
Un film qui vous enverra dans un voyage un peu spécial. Attention tout de même à ne pas s’attendre à un long métrage à suspens, ou tout simplement à un « film », car ce n’est pas seulement un film. Il se situe entre une comédie musicale, un spectacle et un conte. C’est donc un très bon moment à passer en famille devant ce film, qui vous fera oublier un peu le stress et la routine de la vie quotidienne. Tout cela en retrouvant le « vrai Paris de 1936, imaginaire ».
Les plus
Le jeu des acteurs
L’époque du film parfaitement retranscrite (décors géniaux !)
La musique et les chansons
Les moins
Le style du film un peu vieillot
Le public un peu trop ciblé
Un peu trop romancé
Verdict du Speed : 3,5 / 5
CONFÉRENCE DE PRESSE
Speed : C’est plutôt la musique ou le scénario d’abord qui vous a inspiré ?
Christophe Barratier: C’est d’abord la musique. Moi la musique me porte, j’écris souvent d’ailleurs en écoutant des musiques. La musique me fait naître des images, et me fait créer des personnages comme les situations. Et puis je dois dire que c’est un grand plaisir sur le plateau, parce que il y a une chose qu’il faut savoir c’est que ces acteurs qui n’étaient pas chanteurs (sauf Nora), ils ont suivi une petite formation, parce que je voulais que ce soit leurs voix. Je me suis dit qu’il fallait rester cohérent : c’est l’histoire de chômeurs, de trois gaillard qui ne sont pas fait pour être artiste, mais qui le deviennent par nécessité. Par conséquent, ça aurait été mentir de les faire doublé, mais comme en même on voulait en faire un disque et que ce soit joli, je voulais que ce soit leur voix. Et donc chacun avait sa personnalité au niveau du chant (bon Gérard, c’était un peu plus compliqué au niveau du chant, mais ça s’est quand même bien passé).
Speed : Nora, est- ‐ce que vous cela a été plus facile vis-à-vis des autres musiciens ?
Nora Arnezeder: Pas forcément non, quand j’ai passé le casting, ce n’était pas mon répertoire, donc j’ai pris des cours de chants avec tous les autres. Et quand je suis arrivé sur le tournage, j’étais la débutante et eux, ils étaient les pointures du cinéma français, et ils m’ont aidé à gravir les échelons.
Speed : Comment s’est passée la rencontre pour ce rôle où vous êtes un couple, avec Clovis Cornillac ?
Nora :Je me souviens du premier jour de tournage. Je devais essayer un costume dans un magasin et je devais donner une gifle à Clovis, mais je lui fichais de vrais claques. Là on m’a dit « Nora, c’est pour de faux c’est du cinéma ». Sinon on prenait des cours de valses, je lui marchais sur les pieds, plein de petites choses comme ça, c’était très impressionnant.
Christophe B : Et d’ailleurs l’histoire des claques, Clovis est venu me voir en me demandant si c’était bon, si on les avait bien là ! Pourtant il s’en prenait davantage.
Speed : Peut-on considérer Faubourg 36 comme une suite spirituelle des Choristes ?
Christophe B : Oui car quand on fait un film (le réalisateur), quand on est créée l’histoire d’un bout à l’autre, on a intérêt à ce que le film nous ressemble. Car si on n’est pas porté par des thèmes intérieurs et des envies profondes qui nous ressemblent, on ne peut pas se mettre pendant trois ou quatre heures tous les matins à travailler dessus, puis tout le reste du film. On m’a souvent proposé de faire Les Choristes 2 et j’ai refusé catégoriquement. Je serais incapable de faire un film qui ne me touche pas. Ces deux films sont proches et me ressemblent
Speed : Souvent, on dit que pour que l'idée d’un film soit claire, il faut qu’elle tienne en une seule phrase, quelle serait pour chacun d’entre vous cette phrase ?
Clovis Cornillac : ...Moi je dirais « un grand film populaire »
Christophe B :Donc c’est moi qui m’y colle, j’suis obligé d’être sérieux donc : « Comment est- ‐ce que trois handicapés de la vie vont réussir à transformer le quotidien grâce à la pratique artistique »
Nora A : « Un grand film poétique »
Tout nos remerciements au Cinéville de Lorient et son directeur,
à Christophe Barratier et son équipe!
Audrey, Hélène, Maël, Sören, Xavier